Exploration des zoonoses priorisées par l’Observatoire multipartite québécois sur les zoonoses et l’adaptation aux changements climatiques dans la population québécoise

Contexte et objectifs
Les zoonoses constituent un enjeu sanitaire important relié aux changements climatiques dans plusieurs régions du monde. Au Québec, l’Observatoire multipartite québécois sur les zoonoses et l’adaptation aux changements climatiques, ci-après l’Observatoire, a priorisé 14 zoonoses pour guider les décideurs dans leurs efforts d’adaptation INSPQ, 2017; 2018). Cependant, il n’existe actuellement aucun portrait de ces zoonoses dans la population générale ni chez les travailleurs du Québec. Une étude exploratoire des cas de ces zoonoses chez les participants de la cohorte CARTaGENE a ainsi été réalisée.

Méthode et démarche
Les zoonoses priorisées par l’Observatoire comprennent des zoonoses entériques (campylobactériose,cryptosporidiose, Escherichia coli vérocytotoxinogènes, giardiase, listériose, salmonellose) et non entériques (vectorielles : maladie de Lyme, virus du Nil occidental, encéphalite équine de l’Est; non vectorielles : botulisme alimentaire au Nunavik, fièvre Q, influenza aviaire et porcine, rage, syndrome pulmonaire à hantavirus).
Les codes de classifications internationales des maladies (CIM) des consultations et hospitalisations des zoonoses ont été identifiés. Les zoonoses sont ensuite identifiées dans la cohorte CARTaGENE en jumelant les données de CARTaGENE avec les données de la Régie de l’Assurance Maladie du Québec (RAMQ). Des variables complémentaires disponibles dans CARTaGENE ont été utilisées pour compléter l’analyse : âge,sexe, région de résidence, statut socioéconomique, secteur d’activité économique (codes du Système de classification des industries de l'Amérique du Nord (SCIAN) 2012), statut tabagique et maladies chroniques.
L’analyse descriptive a été réalisée pour l’ensemble des participants, ainsi que par sous cohortes (population générale et travailleurs), couvrant la période de 1998 à 2019.

Résultats et outils développés
Au total, 508 épisodes de zoonose priorisée ont été identifiés chez 459 participants de CARTaGENE. En considérant uniquement les zoonoses de nature différente, le nombre de zoonoses rapporté est de 471.
La grande majorité des épisodes a été identifiée dans la sous-cohorte de travailleurs (355 épisodes vs. 116 épisodes dans la population générale). Les zoonoses les plus souvent diagnostiquées étaient la campylobactériose (25,0%), l’influenza (21,0%), le syndrome pulmonaire à hantavirus (20,2%) et la salmonellose (19,7%).
La listériose est associée au plus grand nombre d’actes médicaux (7 actes par épisode en moyenne), suivi par la maladie de Lyme, la rage et la fièvre Q. Généralement, la zoonose se traduit par un acte unique (consultation ou hospitalisation). Hormis la proportion de fumeurs, les caractéristiques de la population étudiée étaient similaires à celles de CARTaGENE (âge moyen 51 ans, proportion d’hommes de 47%, 17% de fumeurs (Awadalla et al., 2013)).

Dans la sous-cohorte travailleurs, les secteurs d’activité les plus souvent impliqués était les soins de santé et assistance sociale (SCIAN 62), la construction (SCIAN 23), l’administration publique (SCIAN 91) et les arts,spectacles et loisirs (SCIAN 71).

Conclusion et recommandations
La campylobactériose et la salmonellose sont les zoonoses priorisées les plus souvent observées dans CARTaGENE. Ceci rejoint les données de la santé publique au Québec, puisque le nombre de cas déclarés et les taux d’incidence par année de ces deux maladies sont parmi les plus élevés au Québec (INSPQ, 2017, 2020).
Les participants de CARTaGENE ont fourni des échantillons biologiques qui sont disponibles dans une biobanque pour une utilisation future. Ces échantillons pourraient servir pour des études sérologiques spécifiques pour bonifier le portrait et confirmer les cas. Également, les participants de CARTaGENE ont consenti à être recontactés ultérieurement pour la réalisation de nouvelles recherches. Ainsi, des informations supplémentaires pourraient être obtenues pour documenter leurs expériences (contexte d’acquisition des maladies, symptômes passés ou actuels, prise en charge médicale, conséquences et fardeau des maladies) ou d’évaluer la séroconversion à l’aide de nouveaux échantillons biologiques. Finalement, le fait de pouvoir jumeler les données de CARTaGENE avec les données de la RAMQ constitue un réel atout et renforce les possibilités de développement de connaissances sur les zoonoses priorisées au Québec.